La reconnaissance faciale, sujet d'actualité majeur

Le débat actuel est parfois faussé par une mauvaise connaissance de cette technologie et de ses modalités exactes de fonctionnement, qui peut conduire à mal en décrire les risques, tout comme les confusions entre la reconnaissance faciale et des technologies voisines utilisant elles aussi des images.

Définition de la reconnaissance faciale

Selon la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés), la reconnaissance faciale est « une technique informatique et probabiliste qui permet de reconnaître automatiquement une personne sur la base de son visage, pour l’authentifier ou l’identifier ».

Elle ajoute que la reconnaissance faciale dispose de deux fonctions principales: d’une part, l’authentification d’une personne, qui vise à vérifier qu’une personne est bien celle qu’elle prétend être. Dans ce cas, le système va comparer un gabarit biométrique préenregistré (par exemple, stocké dans une carte à puce) avec un seul visage, par exemple celui d’une personne qui se présente à un point de contrôle, afin de vérifier si cette personne est la même. Cette fonctionnalité repose donc sur la comparaison de deux gabarits.

D’autre part, l’identification d’une personne, qui vise à retrouver une personne au sein d’un groupe d’individus, dans un lieu, une image ou une base de données. Dans ce cas, le système doit effectuer un test sur chaque visage capté pour générer un gabarit biométrique et vérifier si celui-ci correspond à une personne connue du système. Cette fonctionnalité repose ainsi sur la comparaison d’un gabarit avec une base de données de gabarits. Par exemple, elle permet de lier un « état civil » (nom, prénom) à un visage, si la comparaison est faite avec une base de photographies associées à un nom et un prénom. Elle peut aussi consister à suivre la trajectoire d’une personne dans une foule, sans nécessairement faire le lien avec l’état civil de la personne.

Quand le mythe devient réalité

En France, le projet ALICEM est passé plutôt inaperçu et pourtant, il risque bien de changer nos vies. ALICEM pour « Authentification en ligne certifiée sur mobile » : le principe est simple, pour se connecter à des services comme les Impôts ou la Caisse d’allocations familiales, à partir de son smartphone, les citoyens devront désormais se plier à la reconnaissance faciale. Alicem permettra également à ses utilisateurs d’accéder au service FranceConnect, plateforme qui donne accès à plus de 500 services publics. L’utilisation de cette application n’est pas obligatoire pour le moment, mais elle entre dans un projet plus large, qui est celui de la dématérialisation administrative globale d’ici 2022.

Par ailleurs, lors du carnaval de Nice de février 2019, la municipalité avait décidé d’expérimenter pendant trois jours des caméras à reconnaissance faciale. Plus de 5 000 volontaires ont fait face en temps réel, via plusieurs scénarios, à l’oeil d’une technologie israélienne. Un panneau indiquait la mise en place du dispositif, les personnes qui ne souhaitaient pas être filmées pouvaient emprunter une autre file.

L'état actuel de la législation en France

En France, le cadre juridique existant n’interdit pas complètement la reconnaissance faciale. Un nombre croissant d’acteurs suggèrent de l’assouplir, afin de permettre une utilisation plus large de cette technologie. Le secrétaire d’Etat chargé du numérique, Cédric O, a pris position en faveur de la multiplication d’expériences. L’industrie est elle aussi très intéressée par les bénéfices qu’elle peut retirer de cette technologie

Il n’est pas inutile de rappeler l’article premier de cette loi de 1978 : « L’informatique doit être au service de chaque citoyen. Elle ne doit porter atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques. Ainsi, depuis plus d’un an, la Commission nationale de l’informatique et des libertés appelle au débat public et à légiférer sur le sujet. La CNIL estime que la donnée biométrique n’est pas une donnée comme les autres car « elle est intrinsèquement lié à votre corps, vous ne pouvez pas vous en débarrasser » et en cas de perte ou si elle est compromise, « les impacts sont particulièrement importants pour la personne concernée et pour la fiabilité des systèmes de reconnaissance à partir de donnée biométriques », explique Clémence Scottez, cheffe du service des affaires économiques à la CNIL.

L’autorité rappelle qu’en cas d’utilisation des données biométriques dans un cadre commercial ou opérationnel « pur », c’est-à-dire pour apporter du confort ou faciliter le passage lors de contrôle d’accès, le consentement préalable des personnes est obligatoire et elles doivent avoir le choix de les utiliser ou non.

Comme souvent dans le domaine des nouvelles technologies, les technologies avancent mais les lois se font attendre.

Qu'en-est-il ailleurs ?

La technologie est très développée en Chine, où elle sert non seulement pour un usage privé (par exemple, payer en caisse grâce à son visage ou ouvrir sa chambre d’hôtel), mais aussi aux autorités qui l’utilisent pour verbaliser les piétons qui traverseraient au rouge. Aux États-Unis, certaines villes n’ont pas hésité à interdire tout simplement le dispositif aux agents locaux et fédéraux, c’est notamment le cas de San Francisco, qui considère cette technologie « oppressante et dangereuse ». En France, le législateur tarde à s’emparer du sujet, ce qui n’empêche pas la reconnaissance faciale de s’installer peu à peu dans nos vies, non sans générer de nombreuses inquiétudes.

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